Quelle part faut-il au financement privé et au financement socialisé ?


La question de la part souhaitable de financement privé, par les entreprises (plan de formation) ou par les individus, et celle d’un financement par la collectivité est à poser à la lumière des incitations et des bénéfices de la formation pour chacun de ces acteurs. Il convient de rappeler qu’en matière de formation, les intérêts ne sont pas immédiatement convergents. Les employeurs n’ont pas avantage à des formations longues certifiantes de leurs salariés (absence, mobilité externe) alors que les individus ont un intérêt direct au maintien de leur employabilité à court mais aussi à long termes. On constate notamment que les formations auxquelles les salariés accèdent sont le plus souvent spécifiques et courtes et que les employeurs en captent la majeure partie du rendement : ce type de formation a des effets modestes voire nuls sur les salaires, alors qu’ils sont plus importants sur la productivité et la stabilité de l’emploi. La formation des salariés engendre également des externalités, à savoir des effets de diffusion et des économies ultérieures pour l’assurance chômage, ce qui justifie qu’elle soit soutenue par la collectivité. Par ailleurs, la formation, du fait de son coût, n’est pas abordable pour les salariés les moins rémunérés ; son financement par un prêt personnel est malaisé pour ceux qui sont les plus éloignés de l’emploi (niveau insuffisant de garanties), d’où un défaut de marché. Cette difficulté en recoupe une autre, qui consiste à accroître le taux de recours à la formation. Une participation plus importante des individus au financement et au choix de formation est toutefois à envisager parce qu’ils sont les premiers intéressés au maintien de leur employabilité. La création du CPF et du CPA va dans le sens d’une plus grande individualisation, la dotation en droits non contributifs de certains publics dans ce dispositif pouvant par ailleurs permettre de corriger une logique contributive qui serait sinon inégalitaire. Il paraît ainsi nécessaire et légitime que les dispositifs d’incitation financés par la collectivité soient généreux, au titre du rendement social de la formation. C’est notamment le cas en Allemagne, où le financement individuel, dont la contribution est centrale, est complété par un mécanisme de subvention qui repose sur un crédit d’impôt.


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